Il alloit avec fureur aux combats des gladiateurs & des bêtes, où l’on se tuoit ; il s’amuse de la vûe des supplices, des événemens tragiques, des batteries, des querelles, des injures de la populace ; il se repaît avec volupté de la satyre, de la médisance, des railleries où l’on déchire la réputation, &c. ce qui fait un des plus grands plaisirs & un des plus grands désordres du théatre, puisque rien n’est plus opposé à la religion, à la vertu, au bien de la société, que d’entretenir dans l’homme cette passion meurtriere. […] il entretient, il augmente cette passion dominante. […] La vengeance déchire un ennemi, l’ambition renverse un concurrent, l’envie ne peut souffrir de rival, la malignité se repaît du mal des autres, l’impiété blasphême la religion dans ses Ministres, la vertu dans ses disciples, la foi dans ses défenseurs, la révolte attente sur l’autorité dans ceux qui l’exercent, sur les droits de la société, en troublant la paix par les divisions qu’elle y seme, les guerres qu’elle y entretient.
D’Alzan, tout-à-l’heure, on m’entretenait d’elle, de ses vertus, de sa douceur, de sa tendresse envers vous ; une femme qui la connaît comme vous-même, celle qui m’a révélé ce secret qu’il m’eût été moins cruel d’apprendre de votre bouche, une inconnue en un mot qui me fit promettre, avant de parler, de ne point chercher à la deviner, vient de m’assurer qu’elle est toute belle, cette épouse que vous aimez……… Oui, vous l’aimez ; je connais trop bien votre cœur pour en douter : il n’est point fait pour l’ingratitude, l’inhumanité, la perfidie ; vous aimez votre épouse bien plus que vous ne le croyez : vous l’aimez plus que moi, plus que vous ne vous aimez vous-même.