Je ne parle pas de l’esprit faux et frivole qu’inspire et qu’entretient l’étude continuelle des fables et des chimères, du mauvais goût que donne le tissu de folies et de crimes dont on se repaît comme de quelque chose de bien merveilleux, des entraves qu’il met au génie, en persuadant que tout le beau, le sublime, l’agréable est renfermé dans ce petit nombre d’objets sans cesse répétés et ressassés, qui n’ont plus que de la fadeur.
Ne serait-ce pas encore une nouvelle preuve que nous ne cherchons, n’aimons, ne suivons de Spectacles que ceux qui flattent nos passions les plus répréhensibles, et vers lesquelles nous avons plus de pente ; qui les entretiennent ces passions, qui les échauffent, qui les animent ; dégoûtés de ceux qui nous apprendraient à les calmer, à en tirer un parti raisonnable ou à les vaincre : en un mot, que tout Théâtre où l’on se proposera de redresser les mœurs, restera désert, et que les chambrées, pour me servir du terme consacré que vous m’avez appris, ne seront bonnes qu’autant qu’on aura employé plus d’art pour les renverser de fond en comble ?