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37. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [O] » pp. 436-440

On peut bien croire que les Pantomimes se servaient des uns & des autres, & qu’ils n’avaient pas encore trop de moyens de se faire entendre. […] Les Pantomimes vinrent à bout de donner à entendre par le geste, non-seulement les mots pris dans le sens propre, mais même les mots pris dans le sens figuré ; leur jeu muet rendait des Poèmes en entier, à la différence des Mimes, qui n’étaient que des boufons inconséquens. […] Comme ils n’avaient que des gestes à faire, on conçoit aisément, que toutes leurs actions étaient vives & animées : aussi Cassiodore les appelle des hommes, dont les mains discrètes avaient pour ainsi dire une langue au bout de chaque doigt ; des hommes qui parlaient, en gardant le silence, & qui savaient faire un récit entier sans ouvrir la bouche ; enfin des hommes que Polymnie avait formés, afin de montrer qu’il n’était pas besoin d’articuler des mots, pour faire entendre sa pensée. […] Cependant on a vu en Angleterre, & sur le Théâtre de l’Opéra-comique à Paris, quelques-uns de ces Comédiens jouer des Scènes muettes que tout le monde entendait.

38. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 3. SIECLE. » pp. 107-119

Les années ne couvrent point les crimes, et on ne perd jamais le souvenir des mauvaises actions ; elles ont cessé d'être des crimes, et elles deviennent des exemples ; on rend plaisir à voir représenter dans la Comédie ce qu'on y peut faire en sa maison, ou à entendre ce qu'on y peut faire: On apprend l'adultère en le voyant représenter, et le mal qui est autorisé publiquement a tant de charmes, qu'il arrive que des femmes qui étaient peut-être chastes lors qu'elles sont allées aux Spectacles en sortent impudiques. […] On s'accoutume facilement aux crimes dont on entend souvent parler: L'esprit de l'homme ayant une pente au mal, que fera-t-il s'il y est encore porté par les exemples des vices de la chair, auxquels la nature se laisse aller si aisément. […] Ne prenez point de plaisir à entendre autre chose que ce qui nourrit l'âme, et qui vous peut rendre meilleur : Prenez garde de ne point faire un mauvais usage de ce sens qui vous a été donné, pour écouter les enseignements de Dieu. Si vous vous plaisez donc aux chants et aux vers ; prenez plaisir à chanter, et à entendre chanter les louanges de Dieu : Le véritable plaisir est celui qui est accompagné de la vertu, c'est un plaisir qui n'est point périssable, et passager comme les autres que recherchent ceux qui suivent les passions de leur corps, ainsi que les animaux ; mais il est continuel, et toujours agréable.

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