Quand nous n’aurions pas à combattre tous ces ennemis étrangers, n’aurions-nous pas encore cet Ange de Satan (Cor. 12. v. 7.) qui jamais n’entra dans ce lieu de délices & qui poursuit les Jéromes jusques dans les déserts ? […] Le démon de l’Opéra, ce vrai ennemi de son salut & du nôtre, s’applaudira-t-il toujours de la compter parmi ses suppôts ? […] Ici a murmuré un certain préjugé de Cour ; mais que ne peut-il être exterminé du milieu de nous, ce plus grand ennemi des Rois & de tout le genre humain ! […] L’Amalécite ennemi de sa gloire Est effacé de l’Univers. » Doutez vous encore, François, pardon, Peuple Chrétien, c’est vous demander si vous doutez que l’esprit de force & de vérité qui étoit hier, soi encore aujourd’hui. Vous voilà donc enfin aussi persuadés que moi de la défaite du théâtre de nos jours, ce vrai Amalécite ennemi de la gloire de notre Dieu… Pardon, Génie François, avez-vous pû ne le pas être ainsi que moi dès l’instant que vous avez vu confondus nos Bayles, nos Spinosas, nos Epicures ?
Il élevait un Théâtre, mais moral : un Théâtre qui tournât au profit du cœur et de l’esprit ; qui formât des Citoyens, des Pères et des Mères de famille, des Enfants et des Sujets dociles ; qui ne respirât que l’honneur et la probité ; qui rectifiât les fausses idées et les remplaçât par de plus justes ; qui mît un frein aux passions et apprît à les régler ; qui fût ennemi déclaré du vice et épargnât le vicieux : persécuteur infatigable de tout ce qui conduit au détriment de la Société : protecteur zélé de ce qui en serre les liens ; qui montrât le crime et le vice dans toute leur difformité, et la vertu dans tout son lustre : en un mot, qui ne proposât que de bons exemples, et couvrît de confusion les mauvais. […] Mais pourquoi, selon vous, un homme patient, et brave en effet dans le premier sens, qui sait également repousser la brutalité d’un ennemi qui le surprend, et dédaigner les affronts d’un Spadassin, serait-il indigne d’occuper la scène, si l’on veut tout de bon tracer les justes limites qui séparent la vraie valeur d’une intraitable férocité ? […] Ils plaçaient leur honneur à défendre leurs Compatriotes, et non pas à les traiter en ennemis déclarés. […] Pour moi, et j’en connais qui sans être de notre état pensent de même, j’admire autant leur courage à se déclarer hautement contre une aussi singulière extravagance, que cette valeur intrépide qui leur inspirait de fondre sur l’ennemi, et de prodiguer leur vie pour la défense de leur Patrie.