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38. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

Je sai quel est l’endroit où vous prétendez que ce saint Docteur est si favorable aux jeux & aux gens de théatre. […] L’office des baladins (c’est le terme dont il se sert, Officium histrionum) n’est pas en soit illicite & défendu, quand il n’a pour but que de réjouir le monde ; ils ne sont pas en état de péché par le seul endroit de ces sortes de jeux, pourvû qu’ils en usent avec modération, c’est-à-dire, qu’ils ne se servent pas de paroles indécentes, mauvaises & dissolues, ou qu’ils ne fassent point d’actions contraires à l’honnêteté. » Il est donc évident que ce saint Docteur en parlant de la sorte, n’a jamais prétendu justifier la comédie, telle que l’ont condamnée les saints Docteurs. Saint Thomas en ces endroits parle seulement de certains jeux de théatre, qui sont en quelque façon utiles & même nécessaires pour l’honnête récréation du monde, par maniére de délassement d’esprit ; tels que sont les piéces qu’on représente en nos tragédies, des révolutions de Régnes & d’Empires par le sort des armes ; des histoires tragiques & surprenantes, qui n’excitent que des passions nobles, comme l’admiration, par la singularité des glorieux événemens & de quelques faits prodigieux ; la compassion, par la fatale destinée de quelques illustres malheureux que le sort a outragés nonobstant leur vertu ; tantôt la joie, quelques momens après la tristesse & la douleur ; tous ces mouvemens opposés d’espérance, de force ou de crainte, dont la variété plaît & réjouit innocemment l’esprit sans corrompre le cœur, parceque les mœurs n’y sont aucunement intéressés. […] Thomas est donc bien éloigné d’être aussi favorable aux comédiens qu’ils le prétendent, & de croire qu’on puisse en conscience rien donner pour le dédommagement ou substance de ces farceurs ; puisqu’il le défend au contraire, au même endroit de sa seconde Seconde qu’ils nous citent, & peu après les paroles qu’ils croient les autoriser. […] C’est le train du grand monde : défiez-vous-en par ce seul endroit, puisque c’est le plus grand nombre qui se damne.

39. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De l’Indécence. » pp. 21-58

Qu’il est nécessaire de rapporter quelques endroits de Pièces modernes, qui sont les plus licencieux. Il me paraît à propos de rapporter quelques endroits indécens des Pièces du nouveau genre. […] un endroit que la décence ne doit point avoir applaudi. […] Le jeu de l’Actrice, le charme de la musique, le souffle de la volupté qu’on respire aux Spectacles lyriques, remplissent nos sens dans cet endroit d’un trouble, d’une langueur involontaire ; & font presque tomber la gaze légère qui cache aux Spectateurs une partie de la vérité La manière dont s’èxprime Isabelle, qui se lasse de faire le guet, achèverait de montrer de quoi il s’agit, si l’on était encore à l’ignorer. […] Mais citons quelques endroits un peu équivoques.

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