On doit toujours la regarder comme le honteux effet du péché, comme une source empoisonnée qui nous infecterait, si Dieu ne nous aidait point à la contenir. […] Quand il serait vrai qu’on ne peint au théâtre que des passions légitimes, s’ensuit-il de là que les impressions en soient plus faibles, que les effets en soient moins dangereux ? […] Voilà les effets des amours prétendus permis du théâtre. […] Voilà ceux qui ne sentent pas les effets et les dangers du spectacle : car sent-on l’impétuosité d’un torrent quand on se laisse aller à son cours ? […] Dans combien de spectateurs le théâtre n’opère-t-il pas des effets plus prompts et plus funestes !
Qui peut cependant douter que les spectacles, que les Opera, par exemple, ne fassent ce fâcheux effet ? […] Mais voici un second effet, qui n’est pas moins funeste que le precedent. […] N’est-ce pas donc aller directement contre le plus indispensable de nos devoirs, n’est ce pas affermir positivement cette corruption, qu’il faudroit tascher de détruire, que de s’appliquer à ce qui n’est propre qu’à produire ce funeste effet, en excitant et fortifiant les passions ? […] Ainsi ces passions étant si pernicieuses, et produisant chaque jour tant de funestes effets, on peut connoître par là quelle obligation on a à la poësie, qui ne s’occupe qu’à les farder, et qu’à accoûtumer l’esprit à les regarder sans horreur. […] Enfin, je soûtiens qu’elle produit un effet extrémement fâcheux en tournant de certains défauts en ridicules.