l’Eglise, la conscience, & les frequens naufrages de l’innocence, sont ces voix, qui disent, que de tous les moyens, qu’à le Demon pour perdre bien des ames, la comedie en est le plus doux, le plus fort, & le plus caché. […] Je demande si cette disposition de l’esprit, & du cœur secondant elle-même les sollicitations molles & douces de ces objets, il est possible, qu’on s’en defende, sans s’y laisser aller fort sensuellement ? […] Comment donc une personne qui frequente le theatre, sera-t’elle capable d’aucun sentiment Chrétien, ne raportant de-là, qu’une tête pleine d’idées douces & charmantes, & de toutes les passions folles & imaginaires, que la declamation d’une Comedien luy a pû presenter. […] Elle est, par exemple, d’un temperament doux & tres-sensible ; elle a un cœur, qui prend aussi-tôt feu ; l’imagination en est vive & forte, pour conserver la molesse, & l’impureté des images ; la volonté en est naturellement foible, & facile, pour se laisser aller à toutes ces representations ; elle a l’experience de ces desordres secrets, qu’elle a plûtôt aimez, qu’elle n’a combattus. […] C’est à dire, Madame, que le poison est presenté avec bien de la douceur, & dans un vase d’or, & que ce qui avoit coûtume d’offenser les yeux & les oreilles, par une liberté trop effrontée, ayant été banny du Theatre, on y a laissé l’air le plus doux, & le plus empoisonné de l’amour.
Stances à Madame Isabelle, sur l’admiration où elle a tiré la France Esprits ravis des fleurs d’Hymette, Qui allez admirant l’avette, Qui nous distille un si doux miel : Ne réveillez plus le lycée Sans travailler votre pensée, Adorez les trésors du Ciel. […] Les Jumeaux s’attachent aux Pôles, Ravis par les doctes paroles, Qui font un Zephyr si doux : Orphée y vient quitter sa lyre, Glorieux encor de lui dire, J’ai l’heur d’être vaincu de vous. […] Ainsi de la voûte éthérée, Jusque dans le sein de Nérée, Pour ce grand miracle on sentait Un doux extase, une lumière, Qui tenait l’âme prisonnière, Des liens d’or qu’elle portait.