« Lorsque une fois l’on s’est accoutumé à se nourrir des vaines jouissances du monde, le goût des choses spirituelles s’amortit et s’éteint insensiblement, et bientôt on arrive à une complète ignorance des choses divines. […] Cet autel, c’est le cœur de l’homme, dont tout chrétien est le prêtre : comme tels, notre devoir est de veiller à ce que le feu de la charité ne s’éteigne pas sur l’autel de notre cœur, et pour cela, nous devons sans cesse lui fournir des aliments nouveaux ; ces aliments ne sont autre chose que la méditation et la contemplation des choses divines, ainsi que les exercices pieux. […] Les maximes impies qu’elles renferment tendent à inoculer de mauvais principes aux hommes et à affaiblir en eux ce respect et cette crainte religieuse que la Divinité et les choses divines doivent inspirer ; le libertinage qu’on y rencontre à chaque pas est éminemment propre à infecter l’esprit des hommes, et à les disposer à la débauche et à la dissolution.
46, il rapporte un endroit des tragédies de Shakespear, très-beau, selon lui, où pour exprimer la grave attention que donne un de ses héros au récit de quelque évenement tragique, ce poëte divin fait cette sublime comparaison : L’autre jour en passant je vis un forgeron ; un marteau à la main & la gueule béante, avaler à longs traits d’un tailleur fanfaron le récit surprenant qui l’entraîne & l’enchante. […] Dans le style burlesque, les folies ont leur mérite ; on ne veut que faire rire, & rien n’est plus risible que ce faux poëtique qui donne des noms divins aux plus bas objets, & réunit les sublimités de l’Olimpe avec les bouffonneries des tréteaux. […] Son origine est divine : elle fut inventée par la déesse Rhéa : son exercice est divin, elle fut employée par les Corybantes pour sauver Jupiter : son esprit est militaire, la danse Pyrrique, chef-d’œuvre de Pyrrhus, immortalise ce prince plus que toutes ses conquêtes. […] Nous ne parlons ici que du divin Shakespear, que les gentilshommes dramatiques mettent fort au-dessus des Milords.