Car comme il n’y a guere de divertissement, ni de spectacle plus agreable aux gens du monde, quelque soin qu’on ait prit de la rendre plus honnête, n’y voit-on pas encore le plaisir le plus criminel paré de tous ses attraits ? […] Et bien, me direz-vous, il est à propos que ces personnes sacrifient leur plaisir & leur divertissement à l’interêt public, & au salut de leurs freres. […] Mais enfin, il me semble que j’entend quelqu’un qui me dit, que toutes ces raisons ne le regardent point, qu’il se connoît assez pour ne point apprehender les mauvaises impressions que cela peut faire, qu’il luy reste encore assez de tems aprés avoir vaqué à ses devoirs & à ses affaires, pour le donner à quelque divertissement, & qu’il n’est pas d’un rang si distingué, que son exemple puisse authoriser les desordres que les autres y peuvent commettre ; & pourquoy donc, dira-t-il, m’interdire un divertissement que nous ne voyons pas défendu par les Lois ni divines, ni humaines ? […] Si donc c’est un crime & une espece d’Apostasie, comme nous avons dêja dit, d’aimer & de rechercher les vanitez de ce monde, n’est-ce pas un sujet de craindre qu’on ne les aime, & qu’on ne s’y attache, que de s’y plaire, d’y courir avec ardeur, & d’en faire son plus grand divertissement ? […] N’est-ce pas plûtôt déja une marque qu’on y est fortement attaché, que d’y demeurer avec plaisir, d’y courir avec empressement, d’y passer les jours & les nuits, & de n’avoir point de plus grand divertissement ?
« Mais on se trompe de dire que l’Evangile et l’Ecriture sainte ne défendent nulle part ces divertissements profanes. […] Il est aisé de concevoir que tout ce que saint Paul propose ici à un chrétien ne peut en aucune manière s’allier avec la fréquentation des spectacles, et que les principes qu’il pose ne doivent qu’inspirer du dégoût et du mépris pour des divertissements si contraires à l’esprit évangélique qui est un esprit de pénitence, de mortification et d’abnégation de soi-même.