C’EST la demande qu’un pauvre Aveugle fait au Sauveur du monde dans l’Evangile de cette semaine ; Fils de David, soit que vous soyez un Prophete, ou le Messie que nous attendons, soit que, comme un autre Moyse, vous ayez reçû la puissance de faire des prodiges, voicy un objet digne de vôtre compassion, accordez-moy par pitié, ce que la nature m’a refusé en me donnant la vie, & qui, par ce refus, m’a privé de toutes les joyes que l’on peut avoir en ce monde ; ouvrez mes yeux qui ne sont ouverts qu’aux larmes, étant fermez à la lumiere du jour. […] Je ne pousseray pas la censure & l’invective jusque-là, que de soûtenir que c’est absolument renoncer à la profession de Chrétien, que de se trouver aux spectacles, ausquels les Chrétiens passent une partie du Carnaval ; mais aprés vous avoir déja fait voir le desordre qui se trouve dans les autres divertissemens de ce temps, je vous diray que celuy-cy est le plus criminel pour quelques-uns, & le plus dangereux pour les autres, & que c’est veritablement une chose digne des larmes que verse l’Eglise, & des gemissemens qu’elle pousse vers le ciel, de voir ses enfans aveuglez jusqu’à ce point, que de s’exposer pour satisfaire une vaine curiosité, au danger de leur salut.
Absalon fils de David, si cher à son pere, & si peu digne de l’être, passoit pour le plus bel homme du Royaume d’Israel de la tête aux pieds, il étoit sans défauts, sa chevelure extrêmement longue faisoit sa plus grande beauté ; il en étoit trés-curieux. […] Cette Cour étoit digne d’un Prince aveuglé de l’amour des femmes.