Paul, Chrétiens, peut servir de resolution au cas de conscience que vous me proposez ; car je veux que le bal, la comedie, & les autres spectacles de cette nature, soient comptés entre les choses indifferentes, ou qu’ils passent pour tels à l’égard de ceux qui ne courent aucun hazard d’y commettre le peché ; si neanmoins par-là l’on donne occasion aux autres, qui n’ont-pas la même force, ni une vertu à l’épreuve de s’exposer au danger d’en commettre, ne devenez-vous pas coupables du scandale que vous leur donnez, & n’êtes-vous pas responsables des pechez qu’ils y feront ? […] Je continuë donc de parler de ceux que la seule passion du plaisir a inventez, qui sont les mêmes qui deviennent criminels à l’égard de certaines personnes, & qui ne sont jamais sans danger à l’égard des autres, tels que sont les bals, comedies, balets, & les autres de cette nature, qui sont en usage dans ce siecle, & qui sont presque l’unique occupation des gens de qualité en ce temps de divertissement ; & je soutiens encore une fois, qu’ils sont dangereux à l’égard de tout le monde ; c’est à dire que s’ils ne font pas une occasion prochaine de peché à l’égard de tous, le danger est toûjours assez grand, pour porter tous ceux qui craignent l’offense de Dieu, à les fuir ; vû que d’ailleurs il est bien rare que la bienseance, ou leur devoir leur impose une espece d’obligation d’y assister. […] Une personne ne devient-elle pas même incapable des occupations les plus serieuses, par l’habitude qu’elle a prise à ces divertissemens ?
A mesure que le goût s’en répandit, ils devinrent communs, & grace à la loi Chrétienne, qui déclare le mariage indissoluble, la comédie est forcée de se borner aux séparations, dont l’usage parmi les amateurs est journalier. […] Auparavant poli, caressant, doux, aimable, on devient brusque, dur, indifférent, capricieux, intraitable. […] on devient célebre dans tous les cercles, on rassemble chez soi toutes les fatuités.