Que sont les préfaces de Corneille, de Racine, de Molière, que des apologies, où l’auteur à genoux demande grâce au public, et se déchaîne contre les jaloux, qui malheureusement ne disent que trop vrai, et ne font pas mieux. […] Un grand ouvrage demande de temps et de l’étude. […] Un roi d’Orient les ayant vus jouer, demanda à Néron quelqu’un de ces comédiens ; j’ai dans mes États, disait-il, des peuples qui parlent diverses langues ; j’ai bien de la peine de leur faire connaître mes volontés par des truchements. […] Cette liberté de répandre sur tout le vernis du ridicule, s’allie-t-elle avec les sentiments que l’intérêt de la société demande que nous conservions les uns pour les autres ?
Les Auteurs eux-mêmes faisoient corps avec eux, ainsi qu’on le remarque dans les prologues de chaque piece qui sont destinés à demander l’indulgence du public pour la piece nouvelle, & à justifier l’auteur des critiques des autres. […] L’Auteur de la prétendue conversation entre M. l’Intendant des menus & l’Abbé G*** demande sur le ton de l’ironie, ce qui résulteroit d’un impôt qui seroit établi sous le nom de menus plaisirs du Roi, & qui serviroit à payer les frais des Spectacles ? […] se demande-t-il ensuite à lui-même : au contraire, il en faut beaucoup ; c’est dans les Républiques qu’ils sont nés, c’est dans leur sein qu’on les voit briller avec un air de fête. […] Telles étoient les Piéces Grecques, telle est Iphigénie d’Euripide où Achille d’abord surpris à la premiere rencontre de Clytemnestre, à la vue de l’époux d’Agamemnon, au milieu d’un camp & de tous les appareils de la guerre, lui demande s’il doit l’éviter, & lorsqu’au cinquieme Acte Iphigénie veut se sauver à la présence d’Achile, Clytemnestre la retient & lui ordonne de rester devant celui qu’elle peut regarder comme son époux ; & dans quel tems ?