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318. (1640) L'année chrétienne « De la nature, nécessité, et utilité des ébats, jeux, et semblables divertissements. » pp. 852-877

Il faut croire au saint Esprit, qui a dit par la bouche du fils de Sirach ; « Que la plus grande plaie, et un amas de toutes les plaies qui peuvent arriver à un homme, est la tristesse du cœur » :10 Et saint Augustin expliquant ces paroles, que Jacob dit à ses enfants, lors qu’ils le pressaient de leur permettre de mener Benjamin en Egypte, « Vous serez cause qu’en ma vieillesse je m’en irai en Enfer »,11 dit, que Jacob craignait que l'éloignement de Benjamin lui causât une si grande tristesse, qu’à raison d’icelle il fût en danger de se damner, tant il jugeait la tristesse dangereuse. […] car il est dommage que le cœur de l’Ame Chrétienne, capable de grandes, divines, et héroïques affections, s’occupe à celles qui sont de si peu de valeur, et mette sur le même autel, l’amour des choses spirituelles, et d’une frivole danse, laquelle outre qu’elle est en soi vile et basse, est fort dangereuse, comme maintenant on la pratique ; prenez donc cette action, comme un exercice du corps, un divertissement de l’esprit, une récréation de soi indifférente, laquelle vous pouvez rendre bonne, la rapportant à Dieu. […] soyez sur vos gardes, car vous marchez par un lieu bien dangereux, et bien glissant : élevez souvent le cœur à Dieu, tirez profit pour votre âme, de tout ce que vous y verrez ; étonnez vous de la folie des hommes, et des femmes, de s’empresser plus pour cette action, que pour acquérir le Paradis ; pensez au fruit qu’on en rapporte, qui n’est qu’une lassitude de corps ; un trouble d’esprit, si l’on n’a pas été loué, ni prisé en la danse, ou si l’on n’a pas si bien dansé que les autres ; un remords de conscience pour les péchés qu’on y a fait, ou qu’on a été aux autres, occasion d’en faire ; un regret d’avoir perdu un si long temps, et si précieux, pour gagner l’Eternité.

319. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « Préambule » pp. -

Je prie d’observer aussi que je ne me suis permis cette discussion tardive ou réchauffée sur cet auteur respectable, dont on ne peut lire les principaux ouvrages sans admiration, qu’enhardi par la pensée que malgré tout ce qui en a été dit, on pourra encore le discuter sous quelque rapport, même dans des siècles, comme nous le faisons tous les jours des anciens auteurs grecs et latins les plus fameux ; et me sentant d’ailleurs soutenu, quant au fond, par de grandes autorités, par celles de Labruyère, de Racine, du président de Lamoignon, de Bourdaloue, des savants de Port-Royal et d’autres, qui en ont parlé dans le même sens, qui ont combattu la comédie en question à sa naissance, et l’ont jugée dangereuse unanimement, par des présomptions, par des calculs de probabilité seulement, et sur qui j’ai donc l’avantage du temps, de plus longues observations, des faits, ou de raisons positives, en un mot, de l’expérience.

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