.), qui à la vérité défend aux Ecclésiastiques et aux Religieux de représenter publiquement la comédie, mais qui leur permet d’y assister, pourvu qu’il n’y ait point danger de péché pour eux, ni scandale pour le public : Ce qui doit être, ajoute-t-il, puisqu’on y en voit beaucoup en Italie. […] Si on ne sent pas l’indécence de ces ouvrages par de telles plumes, c’est une des plus fortes preuves du danger du théâtre. […] (traité où on n’irait pas chercher cette question), et quelques autres Casuistes, qu’il est permis aux Religieux d’aller à la comédie, pourvu qu’il n’y ait point de scandale (par exemple, dans des loges grillées), de danger de péché mortel, de défense particulière de leur règle, et que le sujet de la pièce soit quelque histoire sainte ou humaine, ou quelque fable de l’invention du Poète, (c’est-à-dire à toutes les pièces, car il n’y en a point d’une autre espèce). […] On a cru avec raison qu’il y avait toujours et du scandale pour le Clergé, et des dangers pour tout le monde, d’aller à la comédie.
Il y a un aveu sur le danger des spectacles, que la vérité a arraché, malgré la dépravation, à un des débauchés qui y parlent. […] on méprise, on fait haïr aux jeunes personnes les asyles de la vertu, où l’on en prend les principes, où bien des personnes la pratiquent sincèrement, où l’on est éloigné des dangers & des pièges ; sous prétexte qu’on y éprouve des tentations, & que quelques personnes y succombent ; & on loue, on fréquente, on fait fréquenter le théatre, où tout est piège, où les chûtes sont sans nombre, d’où presque personne ne revient innocent, où dans l’instant s’allument des feux criminels qu’on ne cesse d’attiser. […] Mais je veux qu’on n’y ait rien défiguré, que la piece, telle qu’elle est imprimée, ne soit pas grossierement indécente, que la police en ait toléré d’autres qui méritoient encore moins d’être tolérées, n’est-il pas vrai que la piece tient toujours, avec un grand danger, l’imagination remplie des plus mauvais objets ? […] Ces statues de décoration qui s’animent, ce Silphe amoureux devenu fille de chambre, cette fille assez imbécille pour ne pas le deviner à son masque, à sa voix, à ses manieres, & l’attribuer à un corps aërien, cet amant statue qui s’émancipe aux pieds de sa maîtresse, & n’est repoussé que par grimace pour irriter ses désirs, ces services d’une femme de chambre amant, les libertés & désordres d’une femme qui se fait habiller & déshabiller par son amant travesti, &c. tout cela est sans doute sans vrai-semblance ; mais ce qui est bien plus condamnable, tout cela est sans décence & du plus pressant danger ; c’est le jeu d’une imagination libertine qui s’applique en détail & tient les heures entieres le spectateur appliqué à tout ce qu’il y a de plus séduisant. […] Est-il vrai qu’on doive imputer à Dieu le danger auquel on s’expose & la chûte qui suit la témérité, & qu’on ne puisse l’éviter & y remédier, ou le prévenir ?