Henri IV, son successeur, qui rétablit la France & en mérita toute la tendresse, avoit été dans son enfance nourri avec du pain bis & des gousses d’ail, manquant souvent de linge, allant au froid & au chaud, nuds pieds & nue tête, avec les gens de la campagne ; actif, infatigable, méprisant la mollesse & le luxe, dédaignant le faste & la parure, ne connoissant aucun danger, se jetant au milieu des ennemis dans les combats, à travers une forêt de lances, familier, populaire, compatissant, attentif à tous les besoins des peuples. […] Cinq grandes batailles, toutes les provinces dévastées par les Huguenots, la Religion Catholique dans le plus grand danger, tous les Princes & grands Seigneurs divisés & soulevés, les troupes étrangères par-tout répandues, la rebellion de la Flandre contre l’Espagne, l’ambition des Guises, les troupes, l’argent, les intrigues de Philippe II, le massacre de la S.
» Ce discours d’une atroce ironie, la victime pâle et sanglante, tout cela forme un tableau aussi horrible que repoussant, et quand un pareil spectacle n’aurait que le danger d’accoutumer le peuple au sang, et de le familiariser avec le crime, ne serait-ce pas un motif suffisant pour le condamner ?