Si j’ai bien entendu ce qu’on vient de lire, madame Des Tianges n’a pas écrit pour défendre l’Opéra, la Comédie Italienne, ou les abus du Théâtre Français : elle propose de réformer ce dernier ; elle abandonne les deux autres. […] Je ne défendrai pas Alexandre & Vinceslas ; mais Bajazet ne mérite aucune censure : les deux amours, le tendre & le furieux, qui s’y trouvent réunis, ne peuvent que donner une double leçon au Spectateur. […] Les effets dangereux du Théâtre sont ici généralisés, on ne sait pourquoi : ce qu’on applique à tout le genre Comique, n’est vrai que des Pièces où l’on emploie le ridicule, & nous n’avons pas intérêt de les défendre ; or ce n’est que dans ces Comédies, où le plaisir du Spectateur est fondé sur un vice du cœur humain ; parce que ce n’est que dans celles-là, où l’on cherche à nous faire rire des défauts naturels, de balourdises qui ne devraient exciter que de la pitié, ou de fourberies de Valets qui ne méritent que l’indignation : mais le plaisir que donne la vertu de Constance dans le Préjugé, est-il fondé sur la méchanceté ? […] Mille fois les Sciences les plus relevées subirent le même sort : les Philosophes, les Mathématiciens furent à différentes fois expulsés de la Métropole de l’univers* ; il fut quelquefois défendu d’y raisonner tout comme à présent : la Philosophie, si cultivée dans la Grèce, ne le fut que médiocrement à Rome : après Cicéron, on voit les Sénèques, les Plines ; les autres Philosophes qui acquirent quelque célébrité, ce sont des Grecs.
Réponse à la préface de l’abbé Boyer qui défend les tragédies saintes. […] -1720 ; père, théatin, confesseur du maréchal duc d’Humières) : « Lettre d’un théologien, illustre par sa qualité et son mérite, consulté par l’auteur pour savoir si la Comédie peut être permise, ou doit être absolument défendu », p. 1-75, in Pièces de théâtre de Boursault, Paris, Jean Guignard, 1694. […] → Texte : chap XXV, « La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons.