Je prendrai pourtant la liberté de vous dire, que l’Eglise ne nous défend point de lire les Poètes, qu’elle ne nous commande point de les avoir en horreur.
La justice humaine & ses tortures ne pourroient rien contre les puissances de l’enfer qui se liguent pour les faire naître, si le malheureux germe n’en étoit étouffé par le Tout-puissant, dont le bras est toujours levé pour défendre ses oingts, jamais sa protection ne fut plus visiblement marquée ; puisse t-elle n’être pas mise à de nouvelles épreuves ! […] Qu’ils soient donc déracinés ces arbres maudits qui ne nous présentent qu’un fruit justement défendu, puisque le meilleur n’en vaut rien : oui, quand nous n’aurons plus à verser des larmes sur un faux Joas, nous n’en serons que plus disposés à nous laisser efficacement attendrir sur une infinité de véritables Lazares en faveur desquels de vils animaux semblent nous reprocher une insensibilité qu’ils n’ont pas : quand, à l’ombre de ces arbres de la science du mal, une Précieuse, un Petit-Maître n’apprendront plus à se corriger d’un ridicule, eux & deux mille avec eux, n’y apprendront plus à commettre tous les vices. […] Vous nous défendez de les nommer, & l’on nous apprend à les commettre. […] Mais nous défendre (p. 29.)