Caffaro, la condamnation de son ouvrage & de son opinion, l’autorité de M. de Harlai, Prélat habile & bien instruit des choses du monde, la lettre même de Boursaut auroient d’ailleurs terminé sa dispute, auprès des gens raisonnables. […] Pour les mysteres qu’une dévotion simple & grossiere avoit établie, qu’un corps de confreres comédiens représentoit, outre que c’étoit un objet très-borné, un spectacle momentanée qui revenoit très-rarement, qui n’eût d’abord rien de mauvais, où l’histoire maussadement défigurée, ne pouvoit plaire à des gens d’esprit, ni par le ton de piété aux libertins ; d’ailleurs dès qu’on vit ce pitoyable spectacle dégénérer en licence, & confondre monstrueusement la Réligion & le vice : on n’eut point besoin de loix & de décisions, ils deviennent l’objet du mépris qu’ils méritent. […] Il en faut peu d’ailleurs à un grand pour en être admiré.
D’ailleurs Aristote qui vivait après cette révolution du Théâtre ne dit pas un mot de la suppression du Chœur : il en suppose au contraire la continuation dans ces paroles : Lib. de Poët. c. 5. […] Car si le plaisir doit faire le fondement de la Comédie, il faudra bien à quelque prix que ce soit obtenir cette fin : dès là qu’un expédient, quelque illicite qu’il soit d’ailleurs y pourra contribuer, on ne le rejettera jamais : on étalera les plus scandaleuses expressions : on profanera les choses les plus saintes, on convertira en amusements dramatiques le plus graves objets de la Religion : comme si le mauvais penchant des Spectateurs devait être flatté par-dessus tout, leur folie entretenue, et leur Athéisme favorisé. […] D’ailleurs, je commence à croire qu’il y a autant de plaisir à conduire une intrigue pour autrui que pour soi-même : cela exerce tous les talents naturels de la femme ; il y a de la pratique pour l’hypocrisie, pour la dissimulation, pour la flatterie, pour le mensonge et pour la malice.