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233. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

est-ce bien le moyen d’en faire sentir le danger & le crime, & d’en éloigner ses auditeurs, que de donner pour le prodige de son siecle, l’honneur de la patrie, les délices de la société, le modelle du Christianisme, celui dont on y joue les pieces, qui a le plus contribué à rendre la scene & dangereuse & criminelle ? […] Fenelon n’étoit assurément ni l’un ni l’autre, que sont donc Melanie, les Guèbres, l’Honnête criminel ? […] Le célibat volontaire, qui par une stérilité criminelle court bien plus rapidement à la destruction des hommes, est sans doute plus possible.

234. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

On exige qu’il n’y ait rien de déshonnête, ni de criminel dans la piece ; que celui qui va au spectacle n’y apporte point de penchant au vice, ni une ame facile à émouvoir ; qu’il y soit maître de son cœur, de ses pensées, de ses regards ; que rien de ce qu’il entend, que rien de ce qu’il voit, ne soit pour lui une occasion de chûte, ni de tentation. […] Avertissons cependant les Comédiens que l’Eglise ne les proscrit pas parce qu’ils représentent des Pieces dramatiques ; mais parce qu’ils en représentent de dangereuses pour les mœurs ; ce qui avilit leur métier aux yeux des hommes, & le rend criminel aux yeux de la Religion. […] On permet à la foiblesse humaine des délassemens frivoles, pourvû qu’ils ne soient pas criminels, qu’une ame fortifiée dans la pratique exacte de toutes les vertus, jugeroit indignes d’elle.

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