En ce sens, la Tragédie se sert des passions utiles et louables, pour réprimer les passions blâmables et nuisibles ; elle emploie, par exemple, les larmes et la compassion dans Zaïre, pour nous précautionner contre l’amour violent et jaloux ; l’amour de la patrie dans Brutus, pour nous guérir de l’ambition ; la terreur et la crainte de la vengeance céleste dans Sémiramis e, pour nous faire haïr et éviter le crime. […] Cette colère du Misanthrope sur la complaisance de Philinte n’en eût été que plus plaisante, parce qu’elle eût été moins fondée ; et la situation des personnages eût produit un jeu de Théâtre d’autant plus grand, que Philinte eût été partagé entre l’embarras de contredire Alceste et la crainte de choquer Oronte.
Si la crainte des peines ne les arrête pas, que seroit la liberté ?