/ 296
259. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Lettre sur la Comédie de l’Imposteur » pp. 1-124

Dorine l’aborde là-dessus ; mais à peine la voit-il, qu’il tire son mouchoir de sa poche, et le lui présente, sans la regarder, pour mettre sur son sein qu’elle a découvert, en lui disant que « les âmes pudiques par cette vue sont blessées, et que cela fait venir de coupables pensées ». […] Pressé d’expliquer cet intérêt, il dit que, s’il s’accommodait avec Damis et la Dame, il donnerait sujet de croire qu’il est coupable ; que les gens comme lui doivent avoir plus de soin que cela de leur réputation ; et qu’enfin on dirait qu’« il les aurait recherchés de cette manière pour les obliger au silence ».

260. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

La Tragédie d’Atrée & Thyeste réussit supérieurement à donner de l’horreur pour le coupable, sans pourtant le punir : elle intéresse pour Thyeste, uniquement parce qu’il est homme & malheureux : ce mérite, si rare dans nos Tragédies boursoufflées, est seul capable de racheter bien des défauts. […] Malgré ce que je viens de dire, jamais il ne faut, comme Molière l’a fait trop souvent, immoler au vice le simple ridicule : on a peine à retenir son indignation, dans cette même Piece de Georges Dandin, en voyant la manie des hautes alliances corrigée par le triomphe du crime de l’infidélité : le rire, à cette Comédie, le rire devient criminel, car il peut être un assentiment secret à la coquetterie, à l’adultère même : Molière, en la mettant au Théâtre, est d’autant plus coupable de pervertissement de mœurs, que les tableaux y sont mieux faits, les situations mieux amenées, & que les finesses d’une femme galante ainsi présentées, peuvent devenir une leçon pernicieuse à plus d’une Spectatrice. […] Ajoutez, que chez une Nation sanguinaire, où le Drame n’était qu’une petite partie du Spectacle, le Gladiateur, le Coupable exposé aux Bêtes, étaient aussi une sorte d’Acteurs, dont l’infamie rejaillissait sur ceux qui se distinguaient à leurs côtés par des talens bien différens, mais dont le but était le même*.

/ 296