Mais un homme encore un coup, qui ne connaît que le sensible, qui n’a point été élevé dans les principes de raison, en sera ébloui, et deviendra esclave sans connaître son malheur.
« Un Spectacle, selon vous, ne peut être utile au peuple, parceque pour lui plaire, il faut favoriser ses penchans, au lieu qu’il faudroit les modérer. » Je ne suis pas bien persuadé qu’il faille absolument favoriser le penchant du peuple, pour accréditer le Spectacle, je ne conseillerois pas à un Auteur de fronder tout à coup et; sans précaution le goût d’une Nation, mais je voudrois que par dégrés il l’accoûtumât à le rectifier. […] Ne croiriez-vous pas que Philinte a commis quelque crime ou fait quelque lâcheté pour être tout à coup rayé du Catalogue des amis d’Alceste ? […] Une plaisanterie, mauvaise si vous voulez, échauffe tout à coup votre bile, et; transporté par un délire frénétique : Les Spectateurs, vous écriez-vous, sortent complices des crimes qu’ils ont vû commettre sur la Scene. … Qui ne devient pas filou soi-même en s’intéressant pour un filou ? […] Quand la sagesse de nos Monarques a proscrit les duels en France, elle n’a jamais imaginé réussir tout d’un coup à changer l’opinion, et; à persuader qu’un homme qui se battroit en duel seroit deshonoré aux yeux du public. […] Les Loix peuvent donc, sinon abolir entiérement et; tout d’un coup le préjugé, du moins le diminuer, puisque si l’Edit du Prince n’a pas changé totalement l’opinion qu’on avoit des duels, il l’a beaucoup rectifié.