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30. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

La nouvelle fut plus rafinée, sur-tout quoique dans le fond aussi corrompue, & en devint plus dangereuse ; elle arbora un air de décence, & voila, ou plutôt gâza le vice, pour séduire plus aisément la vertu, & fut le fruit de la molesse, qui naturellement moins bruyante, non par vertu, mais par paresse & amour du plaisir, se couvre d’une fausse politesse, pour être moins traversée : Insana est principum & populorum in ithiones pecuniæ collatio, quâ homines infames de turpitudine sua, & de suo scandalo lucrantur & gloriantur, majol. dies canicul. collat. […] S’il ne s’accoutume à penser, à sentir noblement chez lui & chez ses amis, si dans les moindres procédés il n’est observateur scrupuleux des bienséances, qui sont l’ame de la société, & le lien de toutes les vertus ; s’il ne vuide son cœur de mille petites passions indignes de l’honête-homme, elles l’arracheront sans cesse à son tâlent, à son emploi, & en feront un comédien corrompu : où sont ces acteurs admirables ? […] On a voulu quelquefois leur prêter des vertus & de la probité ; c’est là-dessus qu’on peut dire : Quand les vertus sont gardées par la folie & le vice, il est aisé de corrompre les sentinelles. Dans un Vaudeville de l’opera comique le jugement de Pâris, Junon pour obtenir le prix de la beauté, offre de l’or à Pâris, pour le corrompre. […] C’est une chimère ils ne s’acquireroient bien de l’un ni de l’autre, sur-tout de l’emploi serieux & utile, ou ils renonceroient aux autres emplois pour ne s’occuper que du théatre ; & voilà la profession dominante : ce livre est en forme de lettre, sous envelope, comme le premier, d’une intrigue de quelques actrices qui corrompent un homme vertueux.

31. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

Ici c’est le luxe qui domine ; là l’orgueil qui règne : ici la vengeance qui se fait craindre ; là l’impureté qui gouverne : mais au Théâtre cela fait un tout qui ne se diversifie que pour séduire avec plus d’adresse, pour corrompre avec plus de sûreté. […] Le Démon a tâché dans tous les temps de corrompre les âmes, et d’éblouir les esprits. […]  » Que ne puis-je rassembler ici sous vos yeux tous ceux dont les Spectacles ont corrompu les mœurs ; tous ceux dont ils ont causé la ruine éternelle ! […] Il n’y a qu’un pas à l’incrédulité, quand le cœur est corrompu, dit le Docteur Angéliqueb, et puisque le Théâtre est l’école du libertinage, il doit l’être aussi de l’irréligion. […] Aussi voyons-nous que ces incrédules dont le cœur est corrompu, sont les plus grands partisans des Spectacles, les plus célèbres Apologistes du Théâtre.

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