.° On retient dans le désordre ; l’esprit rempli de ces idées, l’imagination pleine de ces images, le cœur pénétré de ces sentimens, on porte par tout le théatre, on y pense le jour, on y rêve la nuit, on en respire l’air, on en entend les chants, on en voit les danses : cette habitude se forme & se perpétue ; qui se corrige ? […] Le spectacle ne les corrige pas, & le nombre en est bien plus grand, en les habituant à une vie frivole.
L’école destinée à corriger les vices est devenue l’écueil de l’innocence, de la sensibilité, des plus beaux talens. […] Les vœux de l’Abbé de Besplas sont accomplis, la Noblesse s’est chargée du théatre, & ce n’est pas seulement un air de protection, un regard d’approbation aux talens décens & vertueux, c’est un bon contrat qui les rend maîtres absolus ; ils choisissent, renvoient, punissent sévèrement les Acteurs & les Actrices, examinent, corrigent, rejettent les pieces, ont l’œil à tout, sur-tout à la recette.