Quel ouvrage d’esprit, et quel autre genre de Poésie pourrait-on imaginer qui fût plus utile à la société, et plus propre à y soutenir les bonnes mœurs que la Comédie, lorsqu’elle aura pour unique objet d’instruire et de corriger généralement toutes sortes de personnes ? […] Une telle Comédie pourrait être le miroir de la vie humaine, en présentant aux vicieux, dans le Jeu des Comédiens, une image si naturelle de leurs désordres, qu’elle serait capable de les en faire rougir et de les porter à s’en corriger. […] Concluons donc, avec les Partisans du Théâtre, que, si on abolissait la Comédie, on ferait un grand tort à la République ; puisqu’il ne resterait plus de moyen d’inspirer de l’horreur pour le vice et de donner du goût pour la vertu à ce grand nombre d’hommes qui, comme nous l’avons déjà dit, ne vont guère à d’autre Ecole que le Théâtre, et qui, sans les leçons qu’ils y reçoivent, ignoreraient, toute leur vie, leurs défauts, loin de travailler à s’en corriger. […] Car, je le répète, tant que les Poèmes dramatiques resteront tels qu’ils sont aujourd’hui, ils pourront bien corriger en quelques points, mais ils feront plus de mal que de bien, ainsi que je l’ai remarqué dans l’examen de l’Avare de Molière.
[On commence à corriger ces inconvenances]. […] Mais notre ambition ne va pas jusqu’à prétendre corriger notre siècle.