Que de railleries piquantes sur l’inébranlable probité de Loth au milieu d’une ville si universellement corrompuec ; que de plaisanteries à essuyer sur sa piété, sur sa modestie, sur sa retraite ; que de discours désobligeants ; que d’insultes pour s’être conservé dans l’innocence, pour ne s’être pas laissé entraîner au torrent ! […] Et certes si les spectacles profanes sont défendus ; si les assemblées mondaines sont peu chrétiennes ; si l’on ne peut s’exposer au péril sans péché ; si la sûreté n’est pas entière dans la solitude ; si l’Evangile est la règle des mœurs, si la pureté se flétrit par un seul regard ; s’il ne faut qu’un désir pour corrompre le cœur ; si les héros chrétiens ont de la peine même dans le désert de conserver leur innocence, quel homme de bon sens oserait dire qu’il est licite d’aller au bal ? Quel homme raisonnable peut conserver l’esprit chrétien et ne pas condamner les divertissements profanes du carnaval, et ne pas regarder comme criminelles toutes ces joies licencieuses.
J’avoue sincèrement que je ne conseillerai jamais de conserver Bérénice pour le Théâtre. […] Je ne crois donc point que la Tragédie de Mithridate puisse, en aucune façon, être conservée. […] Au contraire Corneille dans Rodogune a placé cette même grandeur d’âme dans le sentiment opposé, et l’on voit Antiochus et Séleucus renoncer également à l’Empire, pour conserver leur Maîtresse.