Vos amis prétendent sans doute faire corps à part, et quiconque dans le monde ne les distinguerait pas, leur ferait une grosse injure : Mais comme vous ne les avez confondus avec les Farceurs que pour les justifier ensemble, et que vous n’avez sacrifié ce petit point d’honneur que pour la sûreté de leur conscience, je n’ai pas de peine à croire qu’ils vous pardonneront facilement, ce qu’ils ne souffriraient qu’avec chagrin dans tout autre. […] Vous aviez déjà conclu page 4, sur les simples paroles de Saint Thomas que vous aviez rapportées, qu’il avait parlé de la Comédie, et qu’il l’avait justifiée et permise ; « qu’ainsi les Auteurs pouvaient en sûreté de conscience travailler pour le Théâtre, les Comédiens y monter, et les Fidèles y assister et fournir à l’entretien des Comédiens ». […] Quoi on en sera quitte, en vous disant, voilà, mon Père, tout ce dont je me sens coupable, cela sera commode : car enfin on n’aime pas ces grands raisonneurs qui damnent à ce qu’on prétend, tout le monde, qui font mille questions pour découvrir le fond et le secret des consciences, qui font naître mille scrupules sur les choses du monde les plus communes et les plus usitées, qui en veulent plus savoir qu’on n’a envie de leur en faire connaître, vous serez le fait de ces gens-là : car vous vous contenterez de ce qu’ils vous diront ; et s’ils ne vous disent pas que la Comédie ait fait aucun méchant effet en eux, s’ils ne se confessent pas même d’y avoir été, ils seront innocents à vos yeux, et vous les renverrez absous sans scrupule.
Il faut être aveugle pour s’imaginer, on ne l’est pas assez pour être convaincu, qu’on peut en conscience s’exposer à un si grand danger.