Tout le Christianisme nous oblige à nous élever au dessus de ces facultés grossieres, et à nous conduire, non par leurs impressions, mais par la plus pure lumiere de la verité, qui n’est nulle part si vive que dans la parole de Dieu. […] En gros l’un des plus justes, et des plus raisonnables soins que nous puissions prendre, est celui de nous rendre maîtres de nos passions, quelles qu’elles soient, de les mortifier, de les réprimer, de les étouffer mesme, si nous le pouvons, et de nous mettre dans un tel état, que nous nous conduisions, non par ces mouvemens brutes et aveugles, mais par la pure lumiere de la foi, et de la raison.
Voilà l’Epicurien qui ne goûte que les plaisirs des sens, & y met son bonheur ; sure ses passions, dont il seroit bien fâché de manquer ; laisse venir le dernier moment dont il ne s’embarrasse gueres, & seme de fleurs la route qui y conduit. […] Cette idée conduit à croire l’ame matérielle ; mais je veux croire que l’Auteur n’a pas voulu insinuer cette absurdité. […] Le goût sanguinaire des spectateurs, qui les conduit au Théatre tragique, & que le Théatre tragique entretient & augmente, s’enivre de sang & se baigne dans ces inhumaines délices, applaudit à celui qui fait mieux le répandre, qu’il devroit reléguer chez les Cannibales. […] De-là l’écrivain fut conduit dans un chambre abandonnée, où on lui montra un vieux coffre plein de vieux papiers livrés aux vers & à la poussiere depuis la mort de Montagne en 1592. […] Ce cas n’est pas rare, l’action théatrale y conduit : on ne s’en apperçoit presque point, tant on y est accoutumé.