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393. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Lettre sur la Comédie de l’Imposteur » pp. 1-124

Son mari les regarde l’un et l’autre d’un œil de courroux ; et après leur avoir reproché, de toutes les manières les plus aigres qu’il se peut, « la fourbe mal conçue qu’ils lui veulent jouer », enfin, venant à l’Hypocrite, qui cependant a médité son rôle, il le trouve qui, bien loin d’entreprendre de se justifier, par un excellent artifice se condamne et s’accuse lui-même en général et sans rien spécifier, de toutes sortes de crimes ; qu’il est « le plus grand des pécheurs, un méchant, un scélérat ; qu’ils ont raison de le traiter de la sorte ; qu’il doit être chassé de la maison comme un ingrat et un infâme ; qu’il mérite plus que cela ; qu’il n’est qu’un ver, un néant : quelques gens jusqu’ici me croient homme de bien ; mais, mon frère, on se trompe, hélas je ne vaux rien » ! […]   La première est sur l’étrange disposition d’esprit touchant cette comédie, de certaines gens, qui supposant ou croyant de bonne foi qu’il ne s’y fait ni dit rien qui puisse en particulier faire aucun méchant effet – ce qui est le point de la question – la condamnent toutefois en général, à cause seulement qu’il y est parlé de la Religion, et que le Théâtre, disent-ils, n’est pas un lieu où il la faille enseigner.

394. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Loin de se déchaîner contre les Spectacles, & de les condamner comme absolument contraires aux mœurs, le Sage de Genève aurait du, ce me semble, travailler plutôt à les innocenter, en prenant la route que je vais tracer, tous les inconvéniens qu’il trouve à établir un Théâtre dans son ingrate & chère Patrie, auraient entièrement disparu. […] Parmi les Exercices de la Jeunesse, un des plus utiles, est sans contredit la Danse [M] [M] : il forme le corps, donne de la souplesse aux membres, augmente l’adresse, fait acquérir des grâces : on devrait, dans toutes nos Maisons publiques d’éducation, revenir du préjugé qui fait croire que la Religion condamne cet Exercice nécessaire ; une foule de Roquets déclament contre lui, avant d’avoir examiné ce que prohibe la Religion : qu’ils l’apprennent d’une femme : Les Grecs & les Romains, dans les temps de corruption, inventèrent des Pyrrhiques obscènes, qu’on dansait en chantant des paroles lascives* : on donna quelquefois de ces Danses sur les Théâtres, & dans presque toutes les maisons, on recevait des Mimes, qui les exécutaient, en jouant des Pièces infâmes : est-il étonnant, que la Religion Chrétienne qui commençait alors à réformer l’univers, se soit élevée contre ces sources de corruption, & qu’elle ait proscrit, sous le nom général de Danses, des amusemens que le Gouvernement civil n’aurait pas dû tolérer ? […] S’ils ont quelques réprimandes à leur faire, ils s’adresseront à leurs parens, ou même aux Directrices : le Directeur qui contreviendrait à cette règle, pourrait être accusé par quiconque le voudrait ; &, s’il est convaincu, il sera honteusement expulsé de la Direction, privé de son emploi ordinaire dans l’Etat, & condamné à une amende.

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