Mais, direz-vous, il n’y a plus maintenant de gloire à composer des Romans et des Comédies.
Il faut donc ô Chrétien, que vous detestiez necessairement tous ces ouvrages, puisque vous en detestez les autheurs, & ne faut pas m’alleguer icy pour excuse, que ce sont des poëtes Chrétiens, & de fort honnêtes gens, qui sont les autheurs de ces pieces, & qui en ont composez les vers ; je ne veux point répondre à cette objection, mais je veux que S. […] Je ne puis comprendre par quelle juste raison on pretend que les Comediens qui sont les Acteurs qui representent ces faux Dieux sur le theatre, soient marquês d’infamie, & que les Poëtes qui sont les autheurs qui inventent & qui composent ces comedies, soient traités avec honneur, non dit ce Pere, je ne comprens point la raison de cette distinction, comme je ne vois point de difference entre leurs professions, je n’en vois point aussi entre leurs personnes, ainsi il me semble que les loix, selon la veritable intention des Legislateurs, ne sont pas plus favorables aux uns qu’aux autres, mais qu’elles les condamnent également tous deux. […] J’avoüe bien que tout ce qui entre dans l’appareil des spectacles, & dans la representation des comedies, appartient à Dieu, & qu’il en est le Createur ; les chevaux du Cirque, les lions de l’Amphitheatre, les Gladiateurs des arennes, les voix & les instrumens du theatre, viennent de luy comme du principe de toutes choses, nemo enim negat Deum esse universitatis conditorem eamque universitatem, tam bonam, quam homini mancipatam : car personne ne nie que Dieu ne soit le Createur de tout l’Univers, que tout l’Univers ne soit composé de bonnes creatures, par l’approbation même qu’elles ont receüe du Createur, & que toutes ces creatures n’ayent été destinées au service de l’homme par la disposition de leur autheur. […] Je me souviens à ce propos d’avoir lû quelque chose d’assez curieux & remarquable dans les livres de la Cité de Dieu, composez par S.