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22. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

Remue-t-il la passion, la pièce fût-elle contre les règles, ne fût-ce qu'une farce de l'Opéra comique, l'Acteur ne fût-il qu'un Arlequin, un Pantomime, elle plaira sûrement. […] La plupart des spectacles sont tristes : les fadeurs de l'opéra, l'enflure de Corneille, les horreurs de Crébillon, le comique larmoyant, la terreur, la pitié, la fureur, le désespoir, sont-ils de la gaieté ? […] Le visage, les gestes, les paroles, tout devient comique. […] L'homme est à lui-même un grand spectacle, dont la scène est dans son cœur, comique par ses défauts, tragique par ses crimes et sa réprobation. […] vous les profanez par ce style affecté, ces gestes comiques, ce ton de voix efféminé, cet air de théâtre, ces parures mondaines.

23. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [K] » pp. 421-424

Le Poète Phrynicus exposa le premier masque de femme au Théâtre ; Néophron de Sicyone celui de Pédagogue : Eschile, dans sa Pièce des Cabires, fit paraître des gens ivres ; Méson, Acteur de Mégare inventa les masques comiques de Valet & de Cuisinier : on vit des masques hideux & effrayans dans la Pièce des Euménides, & ce fut Euripide qui le premier les représenta avec des serpens sur la tête. Pollux distingue trois sortes de masques de Théâtre, des Comiques, des Tragiques & des Satyriques : il leur donne à tous, dans la description qu’il en fait, la difformité dont leur genre est susceptible, c’est-à-dire, des traits outrés & chargés à plaisir, un air hideux ou ridicule, & une grande bouche béante, toujours prête, pour ainsi dire, à dévorer les Spectateurs. […] La dernière sorte de masques, ne représentait que des figures affreuses, telles que les Gorgones & les Furies… En général la forme des masques comiques portait au ridicule, & celle des masques tragiques inspirait la terreur*.

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