Remue-t-il la passion, la pièce fût-elle contre les règles, ne fût-ce qu'une farce de l'Opéra comique, l'Acteur ne fût-il qu'un Arlequin, un Pantomime, elle plaira sûrement. […] La plupart des spectacles sont tristes : les fadeurs de l'opéra, l'enflure de Corneille, les horreurs de Crébillon, le comique larmoyant, la terreur, la pitié, la fureur, le désespoir, sont-ils de la gaieté ? […] Le visage, les gestes, les paroles, tout devient comique. […] L'homme est à lui-même un grand spectacle, dont la scène est dans son cœur, comique par ses défauts, tragique par ses crimes et sa réprobation. […] vous les profanez par ce style affecté, ces gestes comiques, ce ton de voix efféminé, cet air de théâtre, ces parures mondaines.
Le Poète Phrynicus exposa le premier masque de femme au Théâtre ; Néophron de Sicyone celui de Pédagogue : Eschile, dans sa Pièce des Cabires, fit paraître des gens ivres ; Méson, Acteur de Mégare inventa les masques comiques de Valet & de Cuisinier : on vit des masques hideux & effrayans dans la Pièce des Euménides, & ce fut Euripide qui le premier les représenta avec des serpens sur la tête. Pollux distingue trois sortes de masques de Théâtre, des Comiques, des Tragiques & des Satyriques : il leur donne à tous, dans la description qu’il en fait, la difformité dont leur genre est susceptible, c’est-à-dire, des traits outrés & chargés à plaisir, un air hideux ou ridicule, & une grande bouche béante, toujours prête, pour ainsi dire, à dévorer les Spectateurs. […] La dernière sorte de masques, ne représentait que des figures affreuses, telles que les Gorgones & les Furies… En général la forme des masques comiques portait au ridicule, & celle des masques tragiques inspirait la terreur*.