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399. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

Il aime le changement continue notre Aristarque ; dégoûté de la Comédie qu’on croit n’avoir plus rien à peindre, & des Tragédiés qui se ressemblent toutes, il adopte un Spectacle nouveau ; non parce qu’il a quelque mérite ; mais parce qu’il satisfait son inconstance : oui, s’il aime tant l’Opéra-Bouffon, c’est parce qu’il y trouve le frivole & le futile, dont sans cesse il fait ses délices. […] Le Spectacle est fait pour amuser, ou plutôt pour instruire ceux qui sont censés pouvoir y venir chaque jour ; il est clair que le menu Peuple ne se soucie guères de porter son argent à la Comédie : c’est donc donner des leçons à des gens qui ne viennent point les entendre ». […] Il semble que d’Aubignac ait prophétisé ce qui se passerait de nos jours lorsqu’il dit ; « La Comédie est demeurée parmi nous, non-seulement dans la bassesse, mais dans l’ignorance ; car elle s’est changée en cette farce, ou impertinente bouffonnerie, que nos Théâtres ont souffert ensuite du Poême Dramatique, sans art, sans partie, sans raison10. » Le nouveau Spectacle pourrait-il mieux être défini ? Quelqu’un qui parlerait du triste sort de la Comédie dans le dix-huitième siècle n’en peindrait-il pas la cause avec les mêmes termes dont se sert d’Aubignac ? […] Piron, la Métromanie, Comédie.

400. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

Le licite, loin d’empêcher l’illicite de se soulever, le provoque ; ce qui vient par réflexion n’éteint pas tout ce que l’instinct produit ; tout ce qui attaque le sensible dans les comédies les plus honnêtes, attaque et détruit secrètement la pudeur. […] Déjà le faible du cœur est attaqué, il est vaincu, et l’union conjugale trop grave et trop sérieuse pour passionner un spectateur qui ne cherche que le plaisir, n’est que par façon et pour la forme dans la comédie dont le but est d’inspirer le plaisir d’aimer : on en regarde les personnages, non comme épouseurs, mais comme amants ; et c’est amant qu’on veut être, sans songer à ce qu’on pourra devenir après. […] Car c’en est une manifeste que de ne pouvoir ni ne vouloir résister à cet ascendant auquel on assujettit, dans les comédies, les âmes qu’on appelle grandes. […] C’est à la sortie de la comédie et de l’opéra que l’on va tendre des pièges à la jeunesse. […] [NDE] Dans son Traité de la comédie, qui figure dans le corpus Obvil HDT.

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