je vous le demande, le Spectacle continuel d’un Chrétien n’est-il pas la croix du Sauveur ? […] Les vœux d’un Religieux, quelque respectables qu’ils soient, ne peuvent être plus forts que ceux du Baptême ; et le Chrétien est aussi déplacé au Théâtre, que le Moine le plus pénitent. […] Mais comment, dans le cours d’une vie chrétienne, il y aurait une partie du jour qu’on pourrait perdre ? […] Les Chrétiens sont-ils faits, dit Saint Chrysostome, pour entendre des fables diaboliques, et des airs qui ne respirent que l’impudicité ? […] Voilà, mes Frères, les Spectacles du Chrétien, les Spectacles du Philosophe, les Spectacles de tout homme qui réfléchit.
, où ce père traite à peu près les mêmes matières que Cicéron a traitées dans le livre de même titre, où ayant trouvé les préceptes que donne cet orateur, et les autres philosophes du siècle : saeculares viri : sur ce qu’on appelle joca, railleries et plaisanteries, mots qui font rire : commence par observer qu’il « n’a rien à dire sur cette partie des préceptes et de la doctrine des gens du siècle : de jocandi disciplina : c’est un lieu, dit-il, à passer pour nous : nobis praetereunda »: et qui ne regarde pas les chrétiens, parce qu’encore, continue-t-il, « qu’il y ait quelquefois des plaisanteries honnêtes et agréables : licet interdum joca honesta ac suavia sint : ils sont contraires à la règle de l’église : ab ecclesiastica abhorrent régula : à cause, dit-il, que nous ne pouvons pratiquer ce que nous ne trouvons point dans les écritures : Quae in scripturis sanctis non reperimus, ea quemadmodum usurpare possumus ? » En effet, il est bien certain qu’on ne voit dans les saints livres aucune approbation ni aucun exemple autorisé de ces discours qui font rire : en sorte que Saint Ambroise, après avoir rapporté ces paroles de Notre-Seigneur : « Malheur à vous qui riez », s’étonne que les chrétiens puissent « chercher des sujets de rire : et nos ridendi materiam quaerimus, ut hic ridentes illic fleamus ? […] Mais les paroles de ce père sont générales : ses preuves portent également contre tous les chrétiens dont il explique par tout son livre les devoirs communs. Il est vrai que de temps en temps, et deux ou trois fois, il fait remarquer aux ministres de l’autel, que ce qu’il propose à tous les fidèles les oblige plus que tous les autres : mais cela, loin de décharger le reste des chrétiens les charge plutôt ; et il est clair, tant par les paroles de Saint Ambroise, qu’en général par l’analogie de la doctrine des saints, qu’ils rejettent sans restriction les plaisanteries. […] , où expliquant ces deux vices marqués par Saint Paul : stultiloquium, scurrilitas, il dit que le premier, c’est-à-dire, le discours insensé, « est un discours qui n’a aucun sens, ni rien qui soit digne d’un cœur humain ; mais que la plaisanterie, scurrilitas, se fait de dessein prémédité, lorsqu’on cherche pour faire rire des discours polis, ou rustiques, ou malhonnêtes, ou plaisants : vel urbana, vel rustica, vel turpia, vel faceta : qui est, dit-il, ce que nous appelons plaisanterie, jocularitas : mais celle-ci, poursuit-il, doit être bannie entièrement des discours des saints, c’est-à-dire, comme il l’explique des chrétiens, à qui, dit-il, il convient plutôt de pleurer que de rire ».