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364. (1674) Le Theâtre François pp. -284

Des deux routes que j’ay dit que l’on peut prendre pour paruenir à cette loüable fin, les vns ont fait choix de celle qui est aspre & difficile, & dont les hommes s’écartent souuent pour en chercher vne qui soit moins rude. […] Mais l’inuention du Poëte est l’ame qui fait mouuoir tout le corps, & c’est de là principalement que le monde s’attend de tirer le plaisir qu’il va chercher au Theâtre. […] Ils ont grand soin les Dimanches & les Festes d’assister aux exercices de pieté, & ne representent alors la Comedie qu’apres que l’Office entier, de ces iours là est acheué, lequel comme chacun sçait, commence la veille aux premieres Vespres, & finit le lendemain aux secondes ; de sorte qu’on ne peut leur reprocher qu’ils ayent moins de respect que d’autres pour le Dimanche & les Festes, puisqu’alors le seruice de l’Eglise est acheué, & que le Peuple qui ne peut pas toûjours auoir l’esprit tendu à la deuotion va chercher quelques diuertissemens honnestes. […] L’hiuer ils tiennent par tout grand feu, ce qui ne s’obsernoit pas anciennement ; & il ne resteroit plus qu’à chercher l’inuention de donner l’Esté quelque rafraîchissement, ce qui n’est pas facile, parce que tout est fermé, & que l’air ne peut entrer. […] Mais sans chercher si loin des exemples fauorables aux Poëtes, j’ay crû, Monsieur, qu’il suffisoit de produire celuy du plus grand Monarque qu’ayt iamais eu l’Vniuers, & qui s’est fait distinguer de tous les autres Souuerains que nous voyons aujourd’huy regner, non seulement par la gloire éclante des ses conquestes & par la force admirable d’vn Genie que n’ont point eu ses Ayeux, mais aussi par vn soin particulier qu’il a pris de faire cultiuer les belles lettres en France, & de donner de l’emulation aux Sçauans en les honorant de ses bien faits.

365. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

Ils veulent moins s’intéresser que s’attrister : on ne cherche plus à toucher les cœurs, on s’efforce de les déchirer, ce goût sauvage & atroce, nous replonge dans la barbarie : ces ouvrages sont licentieux, la mauvaise morale en action excite les passions & familiarise avec le vice. […] Si ce sont là des beautés qu’elles aillent chercher des admirateurs chez les Antropophages.

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