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26. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. De la Parodie. » pp. 78-89

Les hommes cherchent à se tourner en ridicule dès qu’ils ont la faculté de s’èxprimer : c’est ce plaisir malin qu’on trouve à se moquer de son semblable, & qui nous porte à rire de ses défauts & de ses actions, qui donna naissance à la Parodie dans la région du monde qui fut la plutôt peuplée. […] On cherche à faire rire dans une Parodie ; mais songez que les honnêtes gens vous écoutent, & non la vile populace. […] Ne peut-on pas les soupçonner d’agir par envie, & de chercher à rabaisser le mérite des Ecrits immortels qu’ils ne voient qu’avec chagrin, parce qu’ils n’en sont pas les Auteurs ?

27. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — PREMIERE PARTIE. Quelle est l’essence de la Comédie. » pp. 11-33

La Comédie a donc perdu de vue le point capital qui devoit fixer toute son attention, pour n’en prendre que l’accessoire : il faut donc convenir que la Comédie pour parvenir à son but, doit lancer tous ses traits sur le fond du vice, & laisser aux hommes le soin d’en chercher le ridicule. […] La raillerie humilie trop l’amour-propre, pour que celui qui l’a essuyée ne cherche pas à se venger ; il y a des momens où l’homme est assez de bonne foi pour avouer qu’il a un tel défaut. Mais si ce même homme est raillé sur ce défaut, non-seulement il n’en conviendra plus, mais il cherchera à perdre son impertinent Censeur ; d’où je conclus que la raillerie ne fait qu’humilier sans rendre meilleur, ou ce qui revient au même, qu’elle peut bien engager les hommes à déguiser leurs défauts, mais non pas à les abandonner. La Comédie qui cherche à corriger les hommes, ne doit donc point employer la raillerie, comme un moyen propre à parvenir à ce but.

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