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184. (1694) Réfutation des Sentiments relâchés d'un nouveau théologien touchant la comédie « Réfutation des sentiments relachés d'un nouveau Théologien touchant la Comédie. » pp. 1-190

Les personnes dont vous parlez me paraissent de ce caractère, vous ne nous dites pas les raisons qu’elles pouvaient avoir d’aller à la Comédie : ainsi permettez-moi de douter de leur horreur pour le péché. […] Ceux que vous avez consultés étaient apparemment de ce caractère, ainsi vous vous êtes mal adressé pour être éclairci dans votre doute. […] Racine qui a cessé de travailler depuis quelques années par les purs principes de la piété et de la religion, dans le temps même qu’il faisait l’admiration du siècle par son caractère de tendresse ; sacrifiant le vain honneur qu’il s’était acquis à une plus solide vertu. […] Celles de l’Opéra ont-elles un autre caractère ? […] Mais, je respecte votre caractère et votre Ordre beaucoup plus que vous ne l’avez fait vous-même.

185. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

Je trouve que ce fut avec bien de la raison que d’autres ont encore dit avant moi que les comédies dirigées contre les vieux maris sont également pernicieuses aux mœurs, parce que les femmes qui ont vu applaudir toutes les ruses, les tours perfides et scandaleux, les infidélités qu’une épouse fait à son mari, à cause qu’il est trop vieux, ne doivent plus avoir de peine à se persuader qu’on peut en faire autant à un mari trop jeune, léger, volage, et toutes les fois, bien qu’il soit d’un âge convenable, qu’on ne jouit pas d’un plus grand bonheur, ou qu’on est plus malheureuse avec lui que s’il était vieux, ce qui arrive assez souvent ; comme quand il est ou qu’on le trouve froid, indifférent, d’un mauvais caractère, grondeur, bourru, méchant, contrariant ; quand il n’est ni beau, ni bien fait, ou qu’une maladie l’a changé, affaibli et vieilli ; quand il refuse de fournir toutes les choses nécessaires à la coquetterie ; en un mot, lorsque, par tant d’autres raisons, par sa propre inconstance à elle-même, l’épouse vient à se croire mal assortie, cesse d’aimer son mari jeune, et se trouve aussi malheureuse et dans la même position que celle qui n’a jamais aimé son mari vieux. […] Alceste est véritablement vertueux, ou il n’a que l’apparence des vertus : dans la première supposition, on se moque de lui injustement, parce qu’il a le caractère et le ton convenables à un homme de bien, personnellement trahi de toutes parts, indigné de la corruption des hommes, dès long-temps aigri par les injustices et la perfidie de ceux qui l’entourent, dont cette critique le rend encore le jouet et la risée, pour combler son malheur et le scandale. […] La plus forte preuve qu’une verve irrésistible entraînait notre premier poète comique, et ne lui laissait pas toute liberté de réflexion et de jugement, c’est qu’il n’a pas pu s’apercevoir, avant de composer la comédie du Misantrope, qu’il donnait personnellement le plus sensible exemple de misantropie ; qu’il avait lui-même le caractère qu’il allait jouer, qu’Alceste suivait ses traces, et ne les suivait même que de loin.

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