L’on sentait depuis long-tems que les Lettres avaient besoin d’un nouvel ornement, & que notre Théâtre n’était point encore arrivé au point de la perfection. […] Qu’avons-nous besoin de nous occuper des amours ou des avantures de gens aussi vils ? […] Apprenons par cœur ces paroles de Tacite ; elles nous prouvent que nous avons raison de ne point rougir de notre amour pour les Ariettes Italiennes, & elles doivent faire taire en même tems ceux qui oseraient nous blamer : « Ce qui nous sert maintenant d’éxemple, a été autrefois sans éxemple, & ce que nous fesons sans éxemple, en pourra servir un jour. » Mais ai-je besoin d’encourager mon siècle à persister dans ses fantaisies ?
, soit par le souvenir des premiers Spectacles qui n’estoient que pour les yeux, soit que les vers & les chants qui en faisoient la nouveauté, eussent besoin de quelques choses de plus que des paroles, pour avoir un plein effet ; soit enfin que les objets entrent dans l’ame plus fortement par les yeux que par les oreilles. […] Le Theatre, ou la Scene, ou l’Echafaut avoit cinq pieds de hauteur, & plus ou moins de profondeur, selon le besoin, le jeu, le lieu & la dépense. […] C’estoit un assemblage de Poutres, sur lesquelles on batissoit tantost des creux, tantost des Enfers, des Palais, des Prisons, des Tours & mille autre choses dont les Autheurs pouvoient avoir besoin pour la representation ou pour l’éclat de la Piece.