Il s’extasie sur la beauté, les graces, les talens des jeunes personnes qui y jouèrent ; elles l’emportent sur toutes les Actrices passées, présentes & à venir : des traits charmans, une physionomie pleine de finesse, le visage de Flore, la taille d’Hébé, les yeux de l’amour, le son de voix des Syrènes, &c. […] Au reste, ce n’est qu’un juste retour ; il y a long-temps que la scène se pare impunément des beautés de la campagne.
Sa vie, qu’on a donnée depuis peu en histoire & en lettres, rapporte qu’elle aimoit si fort le Grec & les antiquités, & avoit tant d’envie de paroître savante, qu’elle fit représenter en Grec les tragédies de Sophocle, auxquelles pour lui faire la Cour on applaudissoit sans les entendre, & auxquelles malgré leur beauté les Dames Suédoises s’ennuyoient fort ; que Meibomius ayant donné au public des recherches sur la musique des anciens, & Naudé ayant écrit sur la danse Grecque & Romaine, elle obligea ces deux Auteurs, qui étoient à sa Cour, de réaliser leurs opinions, & de joindre la pratique à la théorie. […] Ce n’est pas aux yeux des hommes, qui malgré leurs fades & éternelles douceurs les méprisent & s’en moquent, à peu près comme du masque enluminé, du rouge qui loin d’embellir, défigure les traits, le tein, la fraîcheur, & transforme en visage de furie des visages dont la douceur & la modestie font la vraie beauté.