Et qu’on ne croie pas qu’il s’en tint là ; en même temps qu’il faisait des comédies, il se piquait de faire de beaux livres de dévotion. […] Mais c’était exiger l’impossible, et ce fut une de ces contradictions qui lui étaient assez ordinaires : le théâtre, qui le connaissait, n’eut aucun égard à ces défenses de cérémonie ; la licence survécut à la déclaration et à lui, jusqu’à ce que Corneille ayant pris le dessus, étant devenu le père et le modèle de la scène tragique, et toutes ses belles pièces étant décentes, son exemple fit impression et apporta quelque réforme. […] Cette belle trouvaille n’ayant pas satisfait le Ministre, il fit composer et composa lui-même des pièces dramatiques, qui malgré la pourpre ne valaient guère mieux. […] « Tantôt il imposait silence pour faire entendre des endroits encore plus beaux. […] ) dit qu’il était passé en proverbe de dire : « Cela est beau comme le Cid. » Si ce proverbe a péri, ajoute Fontenelle, « il faut s’en prendre à la Cour, où c’eût été très mal parler de s’en servir sous le ministère du Cardinal de Richelieu».
Il s’est appliqué particuliérement à connoître le génie des Grands, & de ce qu’on appelle le beau monde, au lieu que les autres se sont souvent bornés à la connoissance du peuple. […] Mille de ces beaux traits, aujourd’hui si vantés, Furent des sots esprits à nos yeux rebutés. L’Ignorance & l’Erreur à ses naissantes Piéces En habit de Marquis, en robes de Comtesses Venoient pour diffamer son chef-d’œuvre nouveau, Et secouoient la tête à l’endroit le plus beau. […] Il faut avouer qu’il parloit assés bien François ; qu’il traduisoit passablement l’Italien : qu’il ne copioit point mal ses Auteurs, mais on dit peut-être trop legerement, qu’il n’avoit point le don de l’invention, ni le génie de la belle Poësie2, quoique ses amis même convinssent que dans toutes ses Piéces le Comédien avoit plus de part que le Poëte, & que leur principale beauté consistoit dans l’Action.