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161. (1789) La liberté du théâtre pp. 1-45

Plus nos Poëtes dramatiques avoient illustré la Nation chez l’étranger, plus on sut les avilir ; & plus leur art parut propre à former des hommes libres, plus on crut devoir rendre esclaves tous ceux qui le cultivoient. […] Quand les Danois assemblés par Représentans en 1660 déférèrent à leur Roi l’autorité la plus illimitée, certainement ils se couvrirent d’opprobre aux yeux de tous les Peuples qui avoient alors quelque idée du droit politique ; mais si les Danois aujourd’hui se rappelloient qu’ils sont des hommes, & qu’il ne convient pas à des hommes d’obéir au caprice d’un seul, vous ne pensez pas que l’ignominie de leurs ancêtres peseroit encore sur eux.

162. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

Non sedi cum concilio ludentium  : si ces sortes de spectacles & de divertissemens avoient été indifférens, Prophète, vous n’auriez pas parlé de la sorte. […] Ceux qui y faisoient profession de piété, témoignoient par leurs actions & par leurs paroles, l’horreur qu’ils avoient de ces spectacles profanes : ceux qui étoient possédés de la passion du théâtre, reconnoissoient au moins qu’ils ne suivoient point en cela les régles de la Religion chrétienne ; mais il s’est trouvé des gens dans celui-ci, qui ont prétendu pouvoir allier sur ce point la piété avec l’esprit du monde : on ne se contente pas de suivre le vice, on veut encore qu’il soit honoré, & qu’il ne soit pas flétri par le nom honteux de vice, qui trouble toujours un peu le plaisir que l’on y prend, par l’horreur qui l’accompagne. […] Dans les premiers siécles, plus simples dans le bien & dans le mal, ceux qui faisoient profession de piété, témoignoient par leurs discours & leur conduite, l’horreur qu’ils avoient pour les spectacles, & ceux qui se les permettoient, reconnoissoient du moins qu’ils ne suivoient point en cela les regles de la Religion. […] un saint Théophile qui prouvoit aux Payens la pureté de notre Morale par l’horreur que les Chrétiens avoient pour les spectacles : que diroit-il de nous ? […] Ce que toute la fureur, toutes les persécutions des Rois de Syrie n’avoient pû faire, par quel adresse un apostat fut-il y réussir ?

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