Ainsi donc, quoique je convienne de la grande différence qui se trouve entre les Spectacles modernes et les anciens, surtout du côté de l’intention, je me sens forcé d’avouer qu’ils ne cessent pas de se ressembler beaucoup, tant par la qualité du jeu, que par les motifs de l’action. […] Il faut avouer cependant que nous aurions de grandes obligations à ces Travailleurs infatigables, si enfin ils venaient à bout de leurs projets, et qu’ils ne nous laissassent pas toujours un nouvel éclaircissement à souhaiter.
Le roi, qui fait tant de choses avantageuses pour la religion, comme il l’avoue lui-même, ce monarque qui occupe tous ses soins pour la maintenir, ce prince sous qui l’on peut dire avec assurance que l’hérésie est aux abois et qu’elle tire continuellement à la fin, ce grand roi qui n’a point donné de relâche ni de trêve à l’impiété, qui l’a poursuivie partout et ne lui a laissé aucun lieu de retraite, vient enfin de connaître que Molière est vraiment diabolique, que diabolique est son cerveaul, et que c’est un diable incarné ; et, pour le punir comme il le mérite, il vient d’ajouter une nouvelle pension à celle qu’il lui faisait l’honneur de lui donner comme auteur, lui ayant donné cette seconde, et à toute sa troupe, comme à ses comédiens. […] Je crois qu’après cela notre Observateur avouera qu’il a eu tort d’accuser Molière et qu’il doit confesser que la passion l’a fait écrire. […] J'avoue, sans être tartufe, que ce raisonnement me fait trembler pour mon prochain, et je crois que, s’il avait lieu, l’on pourrait compter autant d’athées qu’il y a d’hommes sur la terre.