Quelque hasardés que soient dans le fond les principes de cet ouvrage, j’avoue qu’ils ne laissent pas que d’avoir quelque chose de spécieux et d’apparent, qui n’aura pas manqué de trouver des approbateurs parmi ce grand nombre de personnes déjà trop prévenues en faveur du Théâtre. […] Combien de jeunes gens, s’ils voulaient être sincères, avoueraient que sans le secours des spectacles, ils n’auraient pas si tôt perdu une certaine retenue qui tient en garde contre les premières atteintes de cette passion ; que c’est la Comédie qui leur en a développé tous les mystères ; que c’est là qu’ils ont pris leurs premières leçons de galanterie, et qu’ils y ont appris l’art de faire parler des feux, inspirés, il est vrai, par la nature ; mais que leur simplicité ne pénétrait pas, ou que leur timidité n’osait faire éclore. […] Mais, si l’on ne convient pas que ce plan soit impraticable, on avoue du moins qu’il a bien des difficultés, et l’on ne pense pas qu’il s’exécute jamais. […] Enfin M.F. a presque été tenté de faire aussi l’apologie des Opéra Comiques et des Parodies, ces Pièces dont il avoue que le plus grand mérite est la satire et les équivoques ; sans doute parce qu’il a été aussi Auteur dans ce genre ; mais comme il n’a point approfondi la matière, on ne croit pas à propos non plus de l’approfondir.
Il faut avouer qu’Homère s’était ici engagé dans un mauvais pas ; aussi n’oublie-t-il rien pour s’y soutenir avec toute la bienséance dont ces sortes de récits sont susceptibles. […] Dryden avoue la conséquence, et va encore plus loin : il veut que « la convenance soit gardée même pour les Machines, et que les Dieux ne se départent jamais des fonctions qui leur sont propres ». […] A l’égard d’Amanda tout son rôle consiste à entendre des galanteries sans que sa vertu en souffre d’atteinte : et c’est là un grand point à la Comédie, je l’avoue ; mais ce n’est pas de quoi il s’agit pour le fonds de la Pièce, dont nous parlons à présent. […] J’avoue donc qu’il y a quelque chose à rabattre de la comparaison par cet endroit-là. […] Il avoue qu’une symphonie légère et bien variée est dangereuse et séduisante.