Qu’on ne dise pas que ce sont des folies de jeunesse ; ses drames, son poëme des Saisons, fruits d’un âge mûr, comme il l’avoue, renferment beaucoup de tableaux tracés par un pinceau voluptueux, qui n’est rien moins que dirigé par la saine morale : ce n’est pas le hasard ou quelques saillies qui défigurent ses œuvres par la licence des images. […] Il ne cache pas l’objet, le danger, les effets, les crimes, les termes, tout est à découvert Lui seul ne s’en apperçoit pas ; il avoue son ivresse, il convient que, dans la fleur de ses ans, ces spectacles charmoient sa tristesse. […] Apelles est dans l’ivresse & le transport, ne se possede plus, le pinceau lui tombe des mains, il entre en fureur, il brise sa palette, se jette aux pieds de Campargue & lui avoue son impuissance à peindre un si bel objet.
Il a composé à peu de frais une Tragédie historique ; mais comme ce grand Poëte n’a de modele que lui-même, il a été son propre copiste, & a avoué de bonne foi son plagiat. […] Ce n’est pas, il est vrai, la gloire que Dieu promet à ses Ministres ; mais il faut avouer qu’il se montre plus sage que plusieurs Abbés aussi déplacés que lui sur la scene. […] On avoue que les Magistrats ont défendu cette piece, qu’elle a été arrêtée à Fontainebleau, qu’on y a fait bien du changement, qu’il faut l’élaguer encore.