J’avoue ce que vous dites : mais vous savez bien vous-même, que les endroits qui ont le plus touché ne sont pas ceux où Achille, Iphigénie, et Eriphile, parlent de leur passion. […] J’avoue encore qu’il ne faut jamais introduire de personnage Amoureux qui soit froid et languissant ; car représenter une passion et ne la représenter qu’à demi, c’est une des plus grandes fautes de la Tragédie. […] J’avoue qu’on le peut faire, mais je doute après tout, qu’une Tragédie de la sorte fût trouvée bonne. […] Ne nous laissons point gouverner par une imagination déréglée, mais avouons de bonne foi que pour les noms et pour les choses l’histoire profane n’a nul avantage sur l’histoire Chrétienne. […] J’avoue néanmoins que quand le titre d’une Tragédie est connu, cela prépare mieux les esprits, et je ne voudrais pas qu’un Auteur qui n’a point encore travaillé pour le Théâtre commençât par un sujet et un nom caché.
Ovide, dans sa fameuse apologie adressée à l’Empereur Auguste, avoue que les jeux sont des semences de corruption, & il exhorte ce Prince à supprimer les théâtres. […] 7, soutient que rien n’est plus contraire aux bonnes mœurs que d’assister à quelque spectacle ; que l’ame s’y trouvant séduite par le plaisir, reçoit aisément les méchantes impressions du vice ; & tout Stoïcien qu’il étoit, il avoue qu’il en sortoit plus avare, plus ambitieux, plus porté au plaisir & au luxe. […] Le fameux Riccoboni, qui avoit monté cinquante ans sur le théâtre, le regardoit comme l’école des mauvaises mœurs & de la corruption, & ne pouvoit s’empêcher d’avouer que rien ne seroit plus utile que la suppression entiere des spectacles. […] Je vous avoue, répondit la Princesse, que quelque gaie que je sois en allant à la comédie, si-tôt que je vois les premiers acteurs paroître sur la scene, je tombe tout-à-coup dans la plus profonde tristesse ».