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303. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — TROISIEME PARTIE. — Tragédies à conserver. » pp. 128-178

J’ajoute que la Tragédie d’Atrée et de Tyeste me paraît très bonne et très bien faite ; et, si s’en était ici la place, j’oserais me flatter de faire connaître, dans une courte apologie de cette Pièce, l’art admirable que le Poète a employé pour parvenir à son but ; art qu’on ne trouve que rarement, et, pour ainsi dire, presque jamais dans les Tragédies modernes. […] Martelli, Italien : c’est une étude digne d’un homme d’esprit et de goût, que de comparer à l’original Grec les imitations des deux Poètes que je viens de nommer, et d’examiner l’art avec lequel chacun d’eux a tourné, selon son génie, la Tragédie d’Euripide : pour moi j’admire également tous les deux ; car, en suivant des routes très différentes, chacun d’eux a réussi parfaitement, et a trouvé moyen d’ajouter des beautés nouvelles à l’original Grec : cet examen et les remarques qu’il ferait naître fourniraient aisément matière à une dissertation très curieuse, et surtout utile pour les Poètes ; mais je reviens à mon sujet.

304. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

Aussi les Lacédémoniens commandèrent qu’on jetât hors de Sparte les livres du Poète tragique Eschylebu, comme étant inutiles, et publiés plutôt pour corrompre les mœurs des hommes, que pour servir aux arts louables : et ce n’est pas sans cause qu’on doit chasser la Tragédie, hors de tout spectacle civil. […] Les paroles de la loi sont ; « Celui-làbz est noté d’infamie, qui se produit sur le Théâtre pour y exercer un art ludicreca, » où le Jurisconsulte Doneau cb remarque, ceux-là notamment notés d’infamie, « qui montent sur le Théâtre pour le gain, et qui exercent cet art à cette fin. […] Cyprien, étant enquis par Eucratius, si un bateleur qui avait été nourri en la Religion Chrétienne, et avait fait métier d’enseigner aux jeunes hommes la manière de contrefaire la femme, changeant le sexe par son art, combien que lui-même eût cessé de servir au Théâtre, devait être privé de la communion de l’Eglise ; répondit53, « qu’il n’était pas convenable à la majesté Divine, ni à la discipline Evangélique, que l’honnêteté de l’Eglise, fût souillée, par une si orde contagion. » Tout ce que nous venons de dire, est aussi remarqué par Patrice au second livre de sa République. « Les Anciens Romains, dit-il, ont haï tous les acteurs de Comédies, et tous ceux qui exerçaient ces arts de jouer sur le Théâtre ; et par lois expresses, ont défendu qu’aucun de telles gens s’assît ès premiers quatorze ordres : Et chez Cicéron, Scipion le témoigne par ces mots. Comme ainsi soit qu’ils réputassent déshonorable l’art de jouer sur le Théâtre, ils ont voulu que ce genre d’hommes, non seulement fût privé des honneurs des autres Citoyens mais encore que par censure publique ils fussent rayés du rôle des tribuscg. » Que peut-on donc juger de ceux qui entre les Chrétiens les appellent, les écoutent, leur applaudissent, et les paient chèrement de leurs peines ? […] Nous apprenons de Dion Cassius, que l’Empereur Tibère, jeta hors de Rome les joueurs de Comédies et Tragédies, et que cet art fut interdit par édit public, pource que les femmes y étaient déshonorées, et qu’il en arrivait des querelles57.

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