Là les jeunes gens se corrompent, les filles se familiarisent avec l’amour profane, dont ils entendent si agréablement parler. […] Le premier serait de purger les Pièces du Théâtre ; ce qui sera impossible, dit-il, tant que les hommes et les femmes y parleront d’amour. […] Le premier regarde les Comédiens mercenaires, qui gagnent leur vie à jouer sur le Théâtre des pièces d’amour avec des femmes, d’une manière peu modeste ; ce qu’il accuse être une profanation du Christianisme, et un métier injuste pour gagner de l’argent. […] Ce Jésuite soutient que s’ils jouent avec des femmes des Pièces d’amour, ils ne peuvent pas être excusés, puisque c’est le principe de la condamnation des Comédiens mercenaires. […] » Ces jeux-là seulement peuvent passer pour honnêtes, dans lesquels on ne voit pas paraître de femmes, où il n’y a rien qui puisse donner de mauvaises pensées, ni réveiller ou exciter un amour déréglé.
» Il est bien vrai que l’on y rend l’avarice ridicule, et que l’on y condamne les débauches des jeunes gens et leurs folles amours ; mais ce n’est point par des railleries que l’on détruit le vice, particulièrement celui de l’impureté ; ce mal est trop grand pour être gueri par un remède si faible, et même souvent on prend plaisir à s’en voir railler. […] Cependant le Poète qui veut intéresser ses auditeurs dans la fortune de Pamphile et de Glycérie, fait paraître ces deux jeunes gens aimables ; il en fait à la fois un monstre de vertu et de vice, ou plutôt un composé de vices effectifs sous des vertus apparentes, pour le rendre aimable ; de sorte que bien loin que des jeunes gens conçoivent de la honte de ces sortes d’amours, ils souhaiteraient ressembler à ces deux amants, dont les amours réussissent. […] Mais tous les autres vices, comme la haine, la vengeance, l’ambition, l’amour, y sont peints avec des couleurs qui les rendent aimables, comme nous avons remarqué. […] Cicéron reprend les Grecs de ce qu’ils avaient consacré les amours impudiques des Dieux, en faisant une divinité de Cupidon : et il dit qu’ils ne devaient rendre ce culte qu’à leurs vertus.