Tout ce qui est ajouté à l’action pour la rendre plus brillante et plus vive, s’appelle Episode : lorsque le sujet est choisi, qui doit être un trait éclatant de la Fable ou de l’Histoire, on tâche d’y ramener toutes les actions connues de ses personnages, et de se servir de toutes les idées qui en peuvent naître. […] Quoique le Poète ait la liberté de changer quelques circonstances de son Histoire, d’en supprimer une partie, d’en ajouter de nouvelles ; il ne lui est pas permis cependant d’altérer les événements principaux, et qui sont connus de tout le monde : Il n’est pas cependant obligé de suivre mot à mot la vérité de l’Histoire, pourvu qu’il ne la corrompe pas dans les points essentiels, et qu’il ne confonde point par des changements notables les idées du spectateur. […] Ces épisodes que l’on ajoute à l’action principale, marquent la stérilité du génie du Poète, qui n’a pas la force de continuer une seule action jusqu’au bout, et qui emprunte des sujets étrangers, pour remplir le vide de ses scènes.
On eut raison de faire cette défense, à cause de la manière indigne dont les Comédiens représentaient les plus augustes de nos Mystères ; et je suis toujours dans le même sentiment pour ce qui est de la représentation de ces choses où le Poète ne saurait, sans sacrilège, ajouter aucuns embellissements ou aucune fable. […] C’est ce qu’Horace avait pensé avant luiai ; Et si j’ose ajouter quelque chose à cette remarque, il me semble que ce n’est pas s’y prendre comme il faut, pour réussir au Théâtre, que de commencer par chercher des aventures extraordinaires, et chargées d’incidents. […] Si je vous disais le nom du Prince dont j’ai parlé, vous verriez aussitôt qu’il y a dans l’Histoire assez de choses conformes à ce que j’ai dit pour en fonder un sujet de Tragédie : Car vous savez bien, que pourvu que l’action principale soit conservée avec les circonstances que l’on connaît, il est permis d’ajouter et de changer comme l’on veut ce que l’on ne connaît pas, ou ce qui n’est connu que d’un petit nombre de curieux et de Savantsak.