Elle fut inconnue à Rome dans les tems vertueux de la République, & même dans le régne des premiers Césars ; elle étoit si opposée aux mœurs romaines, & elle eût mal figuré avec la couronne de lauriers qu’ils se faisoient gloire de porter ; des cheveux poudres d’or n’ont pas l’air militaire, ni l’air Magistrat, de pareilles têtes au Sénat, à la tribune, à l’armée auroient fait pitié. […] Le goût dominant est la volupté, le plus sur moyen de plaire, est d’irriter les mouvemens de la sensualité ; par conséquens de fortifier, d’embellir, de conserver la couleur, la fraîcheur, la délicatesse du teint, c’est à-dire, la carnation naturelle, ce sont les Lys & les Roses, & non les paillettes d’or, qui vont au cœur ; l’or au contraire, au lieu de se fondre & de s’incorporer avec les couleurs naturelles, douces & tendres, tranche, tenir, donne un air rude, un ton livide, annonce la magnificence, mais n’allume point la passion, on le répandra sur les habits, par vanité, jamais sur le coloris par volupté. […] La galanterie & la paruré, cause & effet mutuel l’un de l’autre y sont inséparables, le rouge qu’on n’y distingue presque plus, est incorporé & comme identifié avec leur visage ; la galanterie est l’air qu’on y respire. […] Elles avoient une adresse singuliere à s’habiller, à se coëffer, à se plaindre d’une maniere lugubre ; à se donner l’air le plus triste, pour mieux jouer la douleur. […] Quand ces Empereurs étoient au soleil, leur tête paroissoit toute en feu, nos Dames ne sort pas assez riches pour user de cette poudre, mais on y viendra tôt ou tard ; en attendant elles ont une poudre extrêmement rousse qui en est un supplément, & elles donnent à leur pommade cette couleur qui donne a leurs cheveux un faux air de blond.
Son air dévot, ses mystiques adresses, L’activité d’un manege prudent, Sanctifioient ses utiles foiblesses ; Son confesseur étoit son confident. […] C’est comme dans les machines de l’opéra ; quoique la corde paroisse dans l’air, on n’en suppose pas moins que la déesse, son char & ses chevaux de carton ont volé dans les airs. […] Cette prétendue réforme ne sait, comme celle des protestans, qu’adoucir les austérités, mitiger les regles, les prieres, les exercices, & débarrasser de tout ce qui gêne : cet air de liberté, ce ton de mondanité, détruit l’esprit de l’état, & forme une décoration comique ou plutôt tragique, puisque la religion en souffre, & que le contraste de la rigueur édifiante des regles primitives avec les nouvelles constitutions scandalise les foibles. […] Mais devineroit-on qu’on y reçoive des femmes, que les femmes y interrogent les enfans, & leur fassent des argumens ; que de temps en temps les violons & les flûtes interrompent l’Exercice, & jouent un intermedes & qu’à la fin on y chante des airs d’opéra, on y exécute les plus belles danses, que le président homme grave & en dignité, y applaudisse, & fasse tenir le bal en sa présence.