Sans avoir vu l’ennemi, sans avoir approché des régions d’où l’insalubrité de l’air eût pu leur envoyer quelque germe de contagion, ces vastes corps se dissolvent pour ainsi dire par la corruption qu’ils portent en eux-mêmes. […] Ne permettez pas qu’une destructive frivolité abolisse dans nos villes, dans les campagnes qui les environnent, ces retraites champêtres et solitaires où par des promenades et des divertissemens honnêtes se nourrit l’esprit de société et d’amitié, où la pensée trouve un asyle ; où l’homme se repose de ses travaux ; se remet de l’étourdissement des affaires, se détrompe des illusions essuyées dans le commerce du monde22 ; où l’air infecté et réellement létifère des spectacles23 est remplacé par un air bien-faisant, travaillé des mains de la nature ; où au lieu des émanations morbifiques de toute espèce concentrées dans un espace étroit24, on ne respire que le parfum des plantes salutaires. […] Dans un essai sur différentes espèces d’air, à Paris chez Gueffier 1779, Mr. Sigaud de la Fond a démontré que l’air des spectacles est beaucoup plus dangereux que celui de la salle des pansemens de l’Hôtel-Dieu. Dans plus d’un cas (j’en puis citer des exemples avérés), les chandelles s’y sont éteintes : preuve indubitable d’un air capitalement méphitique.
L’Italie moderne commença à lui donner un air convenable. Les Italiens dans le quinzième siècle donnèrent à la Pastorale l’air simple qui lui convient. […] Tandis que l’Opéra-sérieux l’environne d’un éclat peu convenable, tandis que la Comédie lui donne un air fade & triste ; notre Opéra la rendra digne de charmer tous les Spectateurs par une parure simple & champêtre, qui lui convient mieux que de pompeux ornemens. […] On est révolté lorsqu’on fait chanter à un Berger un air à prétention, rempli de roulades.