Pendant le tems qu’ils s’occupent à chanter, combien n’auraient-ils pas agis, sur-tout dans un Poème où il faut beaucoup plus d’action que de paroles ? […] Laissons à part tout amour pour la musique ; il ne s’agit point ici du Chant, mais de la perfection des paroles, qui seules composent un Poème. […] Le Musicien dira envain pour s’èxcuser, qu’il agit de la sorte afin de mieux faire sortir les beautés de sa musique, afin de faire admirer l’Art avec lequel il mêle des intonations, des changemens d’air, avec le motif ou le sujet principal. […] Ils devraient bien considérer que les Musiciens qui travaillent pour l’Opéra-Sérieux sont plus èxcusables d’agir de la sorte, que ceux qui consacrent leurs talens au Théâtre moderne : la musique ne peut pas tant refroidir l’action dans un Spectacle dont elle est l’âme & où elle seule doit èxprimer les passions ; que dans celui où le Chant & la Simphonie ne sont que l’accessoire, & où par conséquent ils ne doivent paraître qu’à propos & avec briéveté.
Car, en matière d’hérésie, il est plus aisé d’en faire accroire, et surtout quand il s’agit d’une hérésie aussi mince et aussi difficile à apercevoir, que celle qu’on reproche aux Jansénistes. […] Que s’il y a quelque gloire à bien faire des Comédies et des Romans, comme il y en peut avoir en mettant le christianisme à part, et à ne considérer que cette malheureuse gloire que les hommes reçoivent les uns des autres, et qui est si contraire à l’esprit de la foi, selon les paroles de Jésus-Christ, l’auteur des Hérésies imaginaires ne veut point la ravir à ceux à qui elle est due, quoiqu’à dire vrai, cette gloire consiste plutôt à se connaître à ces choses, et à être capable de les faire, qu’à les faire effectivement : elle ne mérite pas qu’on y emploie son temps et son travail ; et s’il était permis d’agir pour la gloire, ce n’est pas celle-là qu’il faudrait se proposer. […] Pour l’histoire du volume de Clélie, peut-être qu’en réduisant tous les solitaires à celui à qui on envoya ce livre de Parish, et le plaisir que vous supposez qu’ils prirent à se voir « traiter d’illustres », à la complaisance qu’il ne put se défendre d’avoir pour celui qui l’obligea de voir l’endroit dont il s’agit ; peut-être, dis-je, qu’elle approcherait de la vérité : mais je ne vois pas qu’en cet état-là elle vous pût servir de grand-chose. […] Point du tout ; il ne s’agit point de cela.